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Le biomimétisme est-il l'avenir du développement durable ?

Notes d'analyse
April 2008
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Notes d'analyse, Développement durable, avril, 2008

Depuis toujours, les humains, de façon plus ou moins consciente, se sont inspirés de la nature dans leur façon de vivre, de construire ou de produire. Cependant, c’est davantage l’aspect formel ou esthétique des organismes vivants, qui fut longtemps reproduit par les hommes, que ce soit par les bâtisseurs des huttes primitives dont la structure rappelait l’armature d’un squelette, ou au début du 20ème siècle par les architectes comme Gaudi, qui dans la mouvance de l’Art nouveau, construisirent des monuments en s’inspirant des courbes et des motifs présents dans les formes organiques.

Ce rapport aux formes visibles naturelles commence à être théorisé à partir du 16ème siècle, quand on interroge la pertinence à imiter la nature. Deux tendances se sont alors détachées et ont longtemps structuré le domaine des arts et plus largement nos modes de pensée : pour les uns, issus du courant aristotélicien, les hommes ne peuvent reproduire la nature elle-même, mais il est possible d’imiter son pouvoir de création et de rivaliser avec elle en développant l’ingéniosité humaine. Dans ce cas, les hommes mettent leur création et leur production en compétition avec la nature,
afin de démontrer leur capacité à créer des formes ingénieuses par des moyens autres que ceux naturels.

Cette vision ne fait pas de l’activité humaine un redoublement de la nature, mais un complément de celle-ci. La création biologique est perçue comme une source d’inspiration pour développer l’ingéniosité de l’homme et mettre en valeur ce qu’il y’a de meilleur en lui, dans l’optique d’être le digne rival de la nature « naturante », c’est-à-dire, créatrice. Pour les autres, inscrits dans la tradition platonicienne, la nature n’est que le reflet imparfait des idées présentes dans le monde de la raison, celui-ci étant supérieur au monde de l’apparence et du vivant organique. Cela implique que l’homme ait une attitude de méfiance à l’égard de la nature, toute en apparences trompeuses et même la dominer si cela est nécessaire. Kant soutient que les phénomènes naturels ne sont dignes de notre intérêt qu’en vertu de la perception rationnelle qu’ils sollicitent de la part de notre esprit et du sentiment de grandeur qu’ils produisent en nous.