Développement durable - transition

Sommet climat de Copenhague : vers un accord non contraignant ?

Jeudi, 3 Décembre 2009

Du 7 au 18 décembre prochain, le Danemark accueillera le prochain sommet international des Nations Unies sur le climat au cours duquel la communauté internationale doit élaborer le prochain accord global de référence pour prolonger celui de Kyoto qui date de 2005 et doit expirer en 2012.

Pour l'essentiel, Kyoto prévoyait de réduire les quantités de gaz à effet de serre émises par les pays industrialisés d'au moins 5,2 % avant 2012. Pas suffisant de l'avis du monde des ONG et de la communauté scientifique qui attendent du nouvel accord international qui devrait couvrir la période 2013-2017, qu'il soit beaucoup plus ambitieux.

Les discussions préparatoires au sommet portent donc sur la diminution des émissions de carbone, mais concrètement elles portent sur les montants financiers nécessaires pour aider les pays en développement à se développer proprement, ce que les pays industrialisés n'ont eux-mêmes jamais réussi ni même pensé à faire, jusqu'il y a peu. S'ils sont conscients de l'urgence et peuvent partager les objectifs de sauvegarde de notre planète, les pays en développement sont avant tout et à juste titre concernés par la survie de leur population ici et maintenant. Bénéficiaires d'une aide internationale au développement déjà insuffisante pour rencontrer les OMD1, ils craignent notamment aujourd'hui de voir cette aide captée par la lutte qu'on leur imposera de mener contre le changement climatique plutôt que d'y consacrer les importants moyens supplémentaires nécessaires. Ce sont donc des questions de financement et la mise en place d'un marché de quotas d'émissions de CO2, plutôt que l'établissement d'objectifs de réduction, qui risquent de faire échouer les négociations de Copenhague.
D'après les observateurs et les parties prenantes aux travaux préparatoires, les discussions sont de plus en plus tendues. En simplifiant, on peut dire que trois grands blocs s'affrontent dans les négociations : les États-Unis qui n'ont toujours pas signé le protocole de Kyoto, l'Europe qui plaide pour la mise en place d'un instrument juridique unique et les 140 pays en développement du «G77» qui veulent absolument obtenir une deuxième phase du protocole de Kyoto, soit un délai et des garanties de financement.
Nous vous le disions dans notre veille précédente, les 27 États membres de l'UE se sont déjà bien accordés sur un coût global de 100 milliards d'euros annuels concernant la lutte contre le changement climatique. Par contre, ils n'ont pas encore dit à quelle ils contribueraient à cette somme. On estime que le niveau global du soutien public international nécessaire se situe dans une fourchette allant de 22 à 50 milliards d'euros par an d'ici 2020, sous réserve d'un accord mondial selon lequel tous les pays, à l'exception des moins développés, devraient apporter une contribution sur la base de leurs niveaux d'émission et de leur PIB.

Plus le temps passe, et plus le scepticisme sur un accord à Copenhague grandit. De l'aveu même de Barroso, le temps manquera vraisemblablement pour parvenir à un traité contraignant du type de celui de Kyoto. Si l'on n'arrive pas à un texte de ce type, il faudra au moins qu'un accord cadre suffisamment crédible couvre une série de questions telles que l'établissement d'engagements ambitieux en matière de réduction des émissions de carbone par les Etats-Unis notamment, des propositions cohérentes aux pays en développement assorties d'engagements fermes en matière d'aide au développement et de lutte contre le changement climatique.

En période de crise, les États semblent toutefois rechigner à investir et à aider les pays en voie de développement à mener cette lutte. Et si l'on se dirigeait vers un échec à Copenhague, tout serait-il perdu ? De nombreux observateurs pensent que non en notant que les mentalités ont vraiment évolué et que chacun est désormais convaincu qu'il faut lutter contre le phénomène. Pas de panique donc si Copenhague ne débouche pas tout de suite sur un Kyoto bis plus ambitieux. Kyoto n'expire qu'en 2012 et l'obtention d'un consensus entre les 27 pays membres de l'UE est déjà un véritable exploit. Aux autres pays et aux États-Unis notamment de réagir maintenant aux chiffres avancés par l'UE.

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1Objectifs du Millénaire pour le Développement

 

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